AAHA = Amicale Alexandrie Hier et Aujourd'hui www.aaha.ch

RENCONTRES ET REUNIONS

HIER - 1960

Collège Saint-Marc, 3e préparatoire "B", 1959-60, avec Frère Roger /Edmond

De gauche à droite :

5ème rangée : Gilbert Francis, Jean Thomoglou, Hani Ghobrial, Raphael Hananel, Alex is Gregorian, Dikran Seferian, Harountioun Hintlian, Gabriel Hammam.

4ème rangée : Samir Naoum, Georges El Zahr, Nicolas Angloupas, Livio Guerra , Roberto Palermo , Antoine Barbaroux, Karetine Gurunlian, Rémy Jaouich.

3ème rangée : Nabil Padovani/Bedwani, Jacques Marcovitch, Claude Halmoné , Luciano Bajec , Jean Anawati , Adriano Talamas , Jean-Pierre (Fouad) Sabbagh, Ronnie Hamdy.

2ème rangée : Etienne Melher, Habib Tawa , Samir Farah, Albert Cohen , Izzi Haim, Alfredo Cangià, Sarkis Marandjian

1ère rangée : Michel Abiad , François Saliba, Jean-Marie Malhamé, Serge Arida, Lucien Chlala , Frère Roger Vermeulen (Alias Edmond)

  AUJOURD'HUI - 2007

Ostia (Rome) : 14 au 17 septembre 2007

A l'hôtel

De gauche à droite:

3ème rangée : Luciano Bajec, Roberto Palermo

2ème rangée: Frère Roger /Edmond, Jean-Pierre (Fouad) Sabbagh, Albert Cohen , Rémy Jaouich

1ère rangée : Habib Tawa, Eliana Palermo, Alfredo Cangià, Adriano Talamas

 

A L'aéroport

De gauche à droite:

À genoux:  Frère Roger /Edmond, Alfredo Cangià, Adriano Talamas

Debout: Livio Guerra, Albert Cohen , Luciano Bajec, Rémy Jaouich, Roberto Palermo, Raphael Hananel, Habib Tawa

Au restaurant

De gauche à droite:

Assis: Habib Tawa, Livio Guerra, Jean-Pierre (Fouad) Sabbagh

1ère rangée : Albert Cohen, Raphael Hananel, Michel Abiad, Alfredo Cangià

2ème rangée: Roberto Palermo, Rémy Jaouich, Frère Roger/Edmond, Luciano Bajec, Adriano Talamas, Gilbert Francis.

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Frère Roger (alias Edmond) Vermeulen (Villeneuve d’Ascq, FR), Michel Abiad ( Paris, FR), Luciano Bajec (Viterbo, IT), Alfredo Cangià ( Vimercate, IT), Albert Cohen (New York, USA), Gilbert Francis (Paris, FR), Livio Guerra (Rome, IT), Raphael Hananel (BE/FR), Rémy Jaouich (Ottawa, CA), Roberto Palermo (Vérone, IT), Jean-Pierre (Fouad) Sabbagh ( Alex andrie, Egypte), Adriano Talamas (Naples, IT), Habib Tawa (Paris, FR).

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Instantanés à Ostie

 Toute cette histoire aurait pu n’avoir jamais été contée. Et pour cause, son personnage central, le Frère Edmond, (métamorphosé en Roger Vermeulen) s’était laissé tenter par les « capouesque délices » de Roissy. Il avait failli rater l’avion de ce vendredi 14 septembre 2007. Rappelés à l’ordre par un anonyme, mais impératif haut-parleur, lui et son tentateur, Michel Abiad, embarquaient penauds dans l’aéronef sur le point de décoller. Bien calés dans leur fauteuil, nos deux complices, déjà fort émoustillés par les perspectives du voyage, se laissèrent conter mille et une fariboles par votre serviteur. A l’arrivée, une délégation, compacte et surexcitée de sexagénaires bedonnants et souvent déplumés, les attendait de pied ferme. Le choc fut inoubliable, les accolades et l’émotion aussi. Certes avec les ans certains ne reconnurent pas immédiatement, dans l’adulte un peu décati qui les étreignait avec ferveur, le jeune adolescent qu’ils avaient quitté jadis. Seul Jean-Pierre Fouad Sabbagh, dit Sabo, (selon les périodes de sa vie vous choisirez l’un de ces patronymes) n’était pas tombé dans cet amical guet-apens (inspiré par Adriano Talamas). Arrivé tout droit d'Egypte, après avoir jonglé avec son agenda professionnel, il filait sans attendre à l’hôtel. Nous l’y retrouvâmes, conduits par nos cicérones (Adriano, Livio et Luciano).

 Affamés et réjouis, nos compères, accompagnés de trois charmantes fées (Patricia l’épouse et Mari-Sol la fille de Livio Guerra et Eliana la sœur de Roberto Palermo ), se mirent à table (dans tous les sens du terme). Il fallait manger vite et bien car les augures annonçaient l’arrivée en fin de soirée de Gilbert Francis , redouté pour son impressionnant coup de fourchette et ses tonitruants coups de gueule. Resterait-il quelque chose à se mettre sous la dent s’il arrivait avant que nous n’ayons achevé nos agapes ? Grâce au ciel nous pûmes vider en paix (ou plutôt au milieu d’une grande agitation) nos platées de pâtes et de poissons et même chanter un tonitruant « Happy Birthday » à notre Cheikh el Hara, l’ineffable et très affable quasi-milanais Alfred(o) Cangià. Il est vrai que cette fripouille et l’insaisissable, mais très urbain, Lucien (Luciano) Bajec, s’étaient démenés comme de beaux diables pour organiser ces retrouvailles amicales. Jugez plutôt : la fine fleur de la classe de troisième préparatoire B du Collège Saint Marc, de 1959-60, se retrouvait quarante sept ans plus tard autour de son ancien professeur ! Certes tous n’avaient pu être au rendez-vous, car nombreux furent ceux que des impératifs contraires empêchèrent d’être des nôtres (problèmes dentaires, engagements professionnels, difficultés matérielles diverses, etc.). Ils demeurèrent présents dans nos pensées. Toujours vivants dans notre mémoire, Serge Arida, très prématurément disparu, et François Saliba, récemment emporté, se seraient certainement joints à nous. Leur souvenir a souvent été évoqué en ces jours de remémoration. Quant aux quelques Hellènes, que des circonstances liées aux mirages de la réussite empêchaient de condescendre à être des nôtres, leur regret sera à la hauteur de leur absence. Jupiter aveugle ceux qu’il veut perdre.

En tout cas, le repas ne déçut ni l’effort des organisateurs, ni l’attente des participants. La présence du New-yorkais Albert Cohen et du Canadien Rémy Jaouich qui avaient bravé l’Atlantique pour nous retrouver, nous a touchés au cœur. Les proclamations délibérément provocantes du Belgo-Parisien Raphaël (Ralph) Hananel, ont animé les discussions et imposé son machisme ironique, tandis que s’époumonaient Roberto plein de superbe et Alfredo proche de la congestion. Désireux , aux dires de certains, d’être gratifiés de bonnes notes, les éternels « premiers », Livio et Michel, entouraient leur éducateur. L’ascétique Romain rayonnait de joie. Au milieu du brouhaha général, Rémy et le toujours alexandrin Jean-Pierre, venus presque des antipodes, échangeaient, impavides et heureux, des souvenirs. Les jolis mugs (grandes tasses) de commémoration conçus et réalisés conjointement par les deux compari (Alfredo et Luciano) firent la joie de tous. Leur discours et celui de notre titulaire aussi. Le tiramisù d’anniversaire, le petit feu de Bengale et les bouteilles d’un excellent mousseux italien nous avaient mis en ébullition.

 Après le repas, le débarquement haut en couleur de Gilbert et de sa femme Caroline, venus de Paris, donna lieu à de nouvelles effusions et l’on trinqua à nouveau à « l’amitié, l’amour, la joie ». Puis, par petits groupes, les uns et les autres devisèrent et chacun monta se jeter dans les bras de Morphée. Sauf quelques irréductibles qui, autour de Gilbert et Caroline, Adriano (venu de Naples, mais sans mourir), Luciano, Alfredo et votre informateur avaient décidé de refaire le monde. Il en avait bien besoin, lui qui végétait pendant toutes ces années sans notre supervision éclairée. Enfin, après avoir fermement répété qu’on ne parlerait pas de politique pendant toute cette rencontre, on trahit ce grand principe, « en vertu des grands sentiments ».

 Au matin, du samedi 15 septembre, une mer étale et brillante miroitait, devant les fenêtres de nos chambres d’hôtel, comme pour nous dire « Yalla, tu viens te baigner ? ». Mais il fallut d’abord découvrir les trésors de photos anciennes apportées par Frère Roger, Alfredo et Sabo et les textes manuscrits que nous avions eu l’imprudence de commettre à quinze ans. Finalement, en arrivant à la plage et comme un clin d’œil du destin, un sayess de la vallée du Nil nous accueillait sur le parking. Bizarrement, il ne sembla pas surpris de nous entendre lui parler dans sa langue…

 Le sable était rafraîchissant, la mer glaciale mais ensorcelante. La plage évoquait une Alexandrie rêvée, surtout quand on connaît l’état actuel de son littoral. Alors, Via ragazzi, Andiamo tutti al mare. Même si Albert lorgnait plutôt vers les naïades du bord de l’eau, il nous suivit. Seuls manquèrent à l’appel des flots, le Frère Roger pour des raisons médicales et Ralph pour des motifs non encore élucidés. Le bain nous enchanta et ouvrit notre appétit. Le repas à la bonne franquette recréa l’atmosphère de joutes et de bonne humeur de la veille. Elle fut stimulée par les devinettes alexandrines concoctées par Luciano. Elles nous déridèrent, après l’intrusion impromptue de l’inspectrice de l’AAHA (Association des Anciens et Actuels Habitants d’Alexandrie). Puis, altre dolcezze, le très psychologue Luciano nous abreuva de jus de mangues et de goyaves (pour nous désaltérer), de Qamar el Dine (puisque c’est Ramadan) et de Halawa (pour nous faire maigrir).

 C’est dans ces moments heureux que consentait à nous rejoindre, dans l’après-midi, le seul Romain d’entre nous, Livio. Il avait kidnappé Michel et ne nous en accordait que des extraits, à petites doses. Ce dernier arrivait en s’excusant de ne pas avoir mis de cravate sur sa veste. Ce crime est à l’évidence impardonnable, bien plus que de venir sans maillot de bain à la plage ! En tout cas, les uns et les autres eurent l’avantage de voir Gilbert et Luciano (nouveau citoyen de Viterbe), se faire masser par les mains expertes d’une jolie Chinoise. Cependant que Livio qui s’était perdu, en venant par la route de Rome à Ostie, renouvelait son exploit le soir même, mettant plus de trois heures à rentrer d’Ostie à Rome…

 Après une bonne douche, le restaurant égyptien, réputé pour ses sortilèges nous attendait. Ce repas fut l’apothéose de notre séjour. Toute la fine équipe était présente. En plus des douze élèves de 3ème préparatoire B et de leur ancien professeur, se trouvaient : Eliana, la fort sympathique sorella jumelle de Roberto, Caroline, la brillante moitié de Gilbert, qui nous accompagnèrent dans toutes nos escapades, Danielle, la volcanique Albigeoise, amenée par Luciano et enfin Luciano Ceccuti, élève du Frère Roger en 1960-61. L’atmosphère s’échauffa rapidement jusqu’à approcher, en fin de soirée, le point de fission, qui permet à l’explosion nucléaire de s’enclencher. On faillit y aboutir lorsque les masses sous-critiques de Luciano et d’Alfredo se heurtèrent. On peut penser que la présence des autres participants joua le rôle des barres de graphite pour empêcher la divergence. Mais n’anticipons pas.

 La lenteur du service, qui passa le hommos et le lait au concombre avant de nous accorder quelques bouchées de pain, puis qui nous fournit des falafel alors que le ‘eich chami était déjà consommé, eut pour effet paradoxal, en plus de nous affamer, d’animer l’atmosphère. L’auteur de ces lignes fit un petit laïus expliquant qu’à l’instar des douze apôtres, nous étions là, regroupés autour de notre ancien maître pour une nouvelle Cène. Il fallait donc choisir, entre nous douze, ceux qui représenteraient certains des apôtres. Curieusement, ce fut celui qui aurait dû être le plus difficile à désigner, Juda, qui proposa fièrement sa candidature en la personne de notre fougueux Raphaël. La place de Thomas fut accordée au Véronais, Roberto, désireux de vérifier de tactu certains objets ; alors que Gilbert endossait la peau de Pierre, sûr de lui, mais reniant trois fois. Jean fut choisi, selon le vœu du Frère Roger entre Albert, Jean-Pierre et Rémy qui tous trois venaient de très loin. La vox populi désigna le troisième. Et les conversations s’égayèrent.

 Ralph le redoutable, pour ne pas le nommer, s’attaqua alors perfidement aux droits et privilèges des femmes, ayant pour effet d’allumer sa voisine Danièle. Celle-ci finit, en fin de soirée, par se jeter littéralement sur lui, toutes griffes dehors. Il ne trouva son salut que dans la fuite. Une musique un tantinet discordante annonça ensuite la danse du ventre. Malheureusement les mâles aguichés n’eurent à se mettre sous la dent que les appâts d’une énergique, mais peu lascive Milanaise, reconvertie en Houri de profession. Bien que souhaitant, comme nous tous, un paradis avec de plus expertes et plus sensuelles créatures, Gilbert, bon prince, se prit au jeu et accompagna la jeune personne dans ses évolutions sur la piste. Bien loin de l’épectase, chère au regretté Daniélou, notre ancien maître affirma, quant à lui, sa sensibilité artistique et son goût pour le sport. Après les grillades, le dessert du restaurateur, fut significativement relevé par les délicieuses baklawa et kounafa de Gilbert. Le repas s’acheva par un champagne venu directement de France, dans les malles du soussigné. Alfredo remit alors à chacun d’entre nous un parchemin authentifiant notre présence en ces moments rares. Pour des raisons relevant des problèmes du nucléaire évoqués plus haut, le retour fut quelques peu chaotique. Mais, en bons méditerranéens, nos deux héros se réconcilièrent à l’hôtel, sous l'oeil ravi de notre professeur.

 Dimanche 16 septembre au matin, la messe dominicale était suivie par les plus fidèles d’entre nous, tandis que les mécréants dormaient du sommeil du juste. « Vérité au-delà des Pyrénées, erreur en deçà », dirait-on. Mais, comme les voies du Seigneur sont impénétrables, seuls les pieux croyants découvrirent sur le chemin de leur retour et par le plus grand des hasards, Michel et Livio (accompagné de sa femme et de sa fille) venus leur faire leurs adieux en pleine rue ! Le déjeuner qui suivit, avec vue sur la mer, fut traversé par un double sentiment ; inquiétude de ceux qui partaient (Gilbert, Caroline et Ralph), craignant de ne pas être servis à temps, et regret de tous, au moment de nous séparer, après une si longue absence. Le repas s’acheva par de petites siestes et une dernière visite au bord de cette mer qui nous est si chère. Nous refîmes à nouveau le monde, stimulés par les propos singuliers de notre cher Albert. Le voyage touchait à son terme, comme le soleil achevait la fin de sa course dans la mer. Et nous voilà déjà à projeter la prochaine rencontre, à Alexandrie Inchallah.

 Le soir, Jean-Pierre nous rattrapa. Il était désolé de n’avoir pas trouvé le temps de rencontrer Benoît XVI, qui lui avait demandé un rendez-vous. Mais, notre Sabo national était pris par la visite de la basilique Saint-Pierre. Quant à nous, après avoir erré à la recherche d’une pizzeria disposée à faire des pizzas (ce ne semble pas commun à Ostie), nous en trouvâmes une parfaitement à notre goût. Ralph nous y rejoignit en pensée et par téléphone, depuis sa Belgique d’adoption. Après avoir joui de la douceur de la nuit « ostiane », nos déambulations nous conduisirent chez un glacier. D’obscures, mais précises, considérations de Roberto, sur la fin de la destinée humaine et sur les contraintes que lui imposent quotidiennement ses besoins naturels, le portèrent à constater qu’une exploitation raisonnée de ces impératifs menait droit à la fortune. Les incoercibles fous rires des présents, pliés en deux par ces pensées fumeuses, furent à la hauteur du plaisir que nous avions eu à nous retrouver après tant d’années.

 Lundi 17 septembre sonna le glas de nos retrouvailles. Le ciel s’était couvert pour la première fois, c’était l’heure du grand adieu et Piove de Domenico Modugno nous revint à l’esprit. Après avoir une fois de plus revu les photos de notre jeunesse et celles de Rémy, il nous apparut bien difficile de nous quitter, de rompre les amarres. Mais, après maintes « dernières » photos et force embrassades, chacun reprit son chemin, parfois la larme à l’œil. Que d’évolutions accomplies en trois jours. Le français était rapidement revenu dans la pratique de Roberto et d’Adriano, l’arabe re-émergeait chez Albert et Michel et notre italien semblait de retour. Mais tout cela s’avérait bien peu de choses au regard de ces rares moments de grand bonheur que nous venions de vivre ensemble et de l’amitié que nous avions vu renaître. Pour quelques jours, nous avions gagné notre bataille contre le temps. Pendant que l’ineffable et très amical Adriano nous raccompagnait aimablement à Fiumicino, passant devant les ruines de l’antique Ostie, notre émotion se doublait de la satisfaction que l’on éprouve après avoir restauré un chef d’œuvre brisé.

                             Habib Tawa

 

GLI AMICI RITROVATI

(i sogni si avverano)

 “Chissà dove saranno finiti tutti i miei compagni!” Col naso incollato alla vetrata, stavamo sbirciando dentro ad una delle aule del Saint Marc – i banchi, ancora quelli di una volta, la grande lavagna, il pavimento tirato a lucido e tanta quiete intorno. Era di venerdì e la scuola chiusa, ma meglio così – Roberto ha potuto godersi indisturbato i suoi ricordi con nessun altro attorno che non fossimo noi della famiglia. Quanta emozione e quanti episodi tornati alla mente che, per tanti anni, erano rimasti ben sigillati nel suo cuore!

Luciano Bajec era l’unico compagno col quale era rimasto in contatto e lo aveva chiamato per dirgli: “Alfredo Cangià mi ha chiesto il tuo indirizzo mail … ti scriverà per spiegarti tutto”.

 Era iniziata così l’avventura che ha poi portato all’incontro di un bel gruppo di ex compagni della 3eme B del Liceo Saint Marc. Si erano lasciati, chi prima chi poi, intorno ai primi anni sessanta e tranne che per qualche sporadica eccezione, non si erano più visti – solo qualche notizia ogni tanto. A muovere Alfredo era stato dapprima uno scambio di mail, telefonate e foto col ritrovato Luciano più che altro per “riconoscersi” e una frase: “sarebbe bello un giorno riuscire a fare un’altra foto e metterla a fianco a quella del 1960!” Quelle parole gli erano rimaste in mente, ma la cosa finì lì – non ne parlarono più. Poco dopo giunse la triste notizia della morte prematura di François Saliba e di conseguenza, il desiderio forte di ricordare l’amico d’infanzia. Alfredo scrisse i suoi pensieri personali sull’amicizia che l’aveva legato all’amico scomparso sin dai tempi delle elementari fino all’ottenimento del BAC nel 1963; lo scritto fece evidentemente un lungo giro in rete se un bel giorno arrivò un messaggio di ringraziamento da parte di Frère Roger Vermeulen che si ricordava molto bene non solo di lui, ma di tutta la classe nella quale aveva insegnato, con il nome di Fr. Edmond,  nel lontano 1959/1960 in quello che era stato il suo primo incarico di “coopérant”; da quel momento tutto diventò più facile in quanto da   Frère Roger arrivarono i nomi e cognomi degli alunni che non erano riusciti a ricordare. A questo punto forse il “sogno” poteva concretizzarsi …. rifare una foto di gruppo di quei ragazzi dopo 47 lunghi anni, e, avendo ricevuto l’incoraggiamento di Frère Roger e di Luciano, l’operazione “retrouvailles” ebbe inizio, le ricerche frenetiche di Alfredo sortirono un ottimo esito …… una ventina di risposte entusiaste all’idea di rincontrarsi; dopo varie proposte sul luogo, la maggioranza decise per l’Italia, in particolare Roma. Venne scelta Ostia, una località poco distante da Roma, dove poter vivere qualche giorno insieme, con il mare all’orizzonte, proprio come era stato per tanti anni ad Alessandria e per la sua vicinanza a Fiumicino dove tanti sarebbero arrivati dovendo viaggiare da paesi lontani. La scelta dell’albergo e tutta l’organizzazione logistica di spiaggia, ristoranti ecc. è stata appannaggio di Luciano e la data fissata dal 14 al 17 Settembre 2007.   

Quando Roberto mi ha raccontato dell’iniziativa, ne sono stata felice per lui perché ho percepito subito quanto ci tenesse a ritrovarsi con i suoi amici e quando Luciano mi telefonò per chiedermi se volevo aggregarmi, visto che sarebbero state presenti altre signore, malgrado un’iniziale reticenza, decisi poi di accettare e adesso, col senno di poi, sono convinta di aver fatto proprio bene in quanto mi sarebbe proprio dispiaciuto non esserci anch’io per godere di quei momenti indimenticabili e unici. Il solo racconto di quelle giornate non avrebbe potuto rispecchiare tutte le emozioni che sono scaturite dal ritrovarsi dopo quasi mezzo secolo.      

E così, sono stata testimone di un evento davvero speciale e irripetibile che ho vissuto in prima persona, in quanto presente, ma anche di riflesso, in quanto solo spettatrice, di fronte ad una dozzina di uomini che si erano lasciati poco più che ragazzini in un paese che ha regalato a chi ha avuto la fortuna di nascerci delle capacità di accoglienza formidabili, quel “dam hafif” che ognuno si è portato dietro come lieve bagaglio ovunque la vita l’abbia portato a stabilire la propria dimora, a intraprendere il proprio percorso lavorativo e a formare la propria famiglia. Avevano tutti in mente, alcuni anche in tasca, quella famosa fotografia e nel rivedersi, il primo impulso era quello di abbracciarsi, emozionati alla sola idea di avercela fatta ad arrivare fin lì, ma subito dopo, la domanda arrivava inesorabile: “Scusa, ma chi sei?” Infatti, salvo per un paio di loro che sono rimasti riconoscibili negli anni, per tutti gli altri non era palese chi erano e anche questo fatto è stato oggetto di tante battute e di ricordi soprattutto legati alle chiome fluenti di una volta, alla snellezza e agilità dei corpi, e naturalmente sono piovuti gli aneddoti legati ai comportamenti scolastici non proprio ortodossi che ognuno aveva da raccontare e da ricordare agli altri. Ma la cosa che più mi ha colpito è stato il constatare come, malgrado lo spazio e il tempo che li aveva tenuti lontani per tantissimi lunghi anni, l’amicizia e l’intimità era rimasta intatta e si è consolidata sempre più lungo il trascorrere dei giorni, lasciando via libera a momenti di gioia, semplicemente gioia, insieme al desiderio di godere l’uno della compagnia dell’altro. Erano tornati indietro e si ritrovavano come allora ragazzi spensierati con tutta la freschezza che la gioventù porta con sé. Guardandoli, mi è tornata alla mente la loro foto di gruppo del 1960 - li ho rivisti come erano allora, quando la vita doveva ancora dischiudersi davanti a loro, con tutti i loro sogni ancora intatti e tutti da realizzare, con tutto l’entusiasmo che solo la loro età poteva regalare, col cuore e la mente colmi di aspettative, con la tenera inconsapevolezza che la vita talvolta ci presenta un caro prezzo da pagare. Si sono raccontati un po’, ma la loro scelta quasi inconscia per quei pochi giorni era di bandire tutto e assaporare appieno la ritrovata amicizia per goderne ogni singolo momento perché è anche da questi eventi che si può carpire energia che ti permette nel futuro di pensare, qualsiasi cosa ti possa capitare, “io ho degli amici che mi vogliono bene e non importa se non li vedo spesso e se non li sento quanto vorrei, perchè so che loro ci sono e ci saranno sempre. Nessuno mi porterà mai via quelle sensazioni vissute insieme e che mi accompagneranno sempre…”

E’ stato bellissimo e commovente l’abbraccio all’aeroporto quando tutti “schierati” si presentavano a Frère Roger come fossero ancora i suoi alunni tutti in fila, e quest’ultimo, paonazzo dall’emozione nel riavere lì davanti a sé parecchi dei suoi ragazzi che non aveva mai dimenticato, da quando, giovane anche lui, aveva iniziato la sua missione di educatore

La prima sera, finalmente arrivati tutti, abbiamo consumato la cena, ottima e abbondante; è stata un tripudio di risate miste ad attimi di commozione soprattutto per Alfredo che festeggiava il suo compleanno e che ha dato il benvenuto ufficiale a tutti con parole davvero belle e piene di significato e insieme a Luciano, ha poi distribuito ricordi e pergamene in ricordo dell’evento. La serata è andata avanti fino alle ore piccole – sembrava quasi un peccato sprecare tempo per andare a dormire. Ma poi la stanchezza e le tante emozioni hanno avuto la meglio …..L’indomani, subito dopo la prima colazione, appuntamento in spiaggia, tutti doverosamente in costume da bagno e quasi tutti a farsi una nuotata nell’acqua fredda, a giocare e a farsi gli scherzi, e poi alcuni a farsi massaggiare dalla solita Cinesina che promette benessere immediato, il pranzo al ristorante dello stabilimento, e poi, divisi in due squadre, il “quiz” per verificare quanto si ricordavano ancora sulla Storia rigorosamente legata all’Egitto.

Le giornate sono state piene di leggerezza, di tante risate …..  di tante abbuffate …. di “uahda u nos” … e anche di qualche battibecco, ma cosa sarebbe l’amicizia senza il sapore del confronto e del contrasto e della conseguente rappacificazione?

Quest’incontro ha dato ad ognuno di loro l’opportunità di “conoscersi” di nuovo, da adulti …. E mi piace ricordare la capacità di commuoversi di Alfredo “Sheikh el hara”, Luciano che riesce sempre a trovare la parte più comica di ogni situazione, il dissacrante Ralph (ma in fondo il più tenero di tutti per me), il dolce Jean Pierre (Fouad) preoccupato della dieta la prima sera per poi finire a mangiare di tutto, il più atletico e sportivo Remy, Albert dalla memoria d’elefante in quanto è stato l’unico che mi abbia riconosciuta, la precisione di Livio, il primo della classe, Michel Abiad ( il secondo della classe) assai preoccupato dell’imminente andata in pensione, Adriano gentilissimo e disponibile, Gilbert l’estroverso per eccellenza sempre pronto alla battuta, Roberto, mio fratello, felice e beato che per una battuta ci ha fatto ridere una serata intera (!) e per ultimo, volutamente, Habib – arguzia e simpatia fatta persona e poi, Frère Roger in mezzo a loro con semplicità e felicità che sprizzava da ogni poro!

Si sono lasciati l’ultimo giorno con abbracci forti, con le lacrime agli occhi, grati e paghi del viaggio intrapreso e con la promessa di rivedersi presto ….. ad Alessandria, per tornare tutti insieme a scuola.

C’è un brano di una canzone di Cocciante che mi è subito sembrata fatta apposta per questi “ragazzi” – ve la regalo:

Perché un amico se lo svegli di notte, è capitato già
esce in pigiama e prende anche le botte...
e poi te le rida'............

Capelli grigi se qualcuno ne hai
è meglio avremo un po' più tempo vedrai
divertendoci come non mai...ancora insieme noi

                    Eliana Palermo

 

 

Photos et textes envoyés par Alfredo Cangià.

 

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