AAHA = Amicale Alexandrie Hier et Aujourd'hui (www.aaha.ch)
PHOTOS D'ALEXANDRIE
LES PATISSERIES A ALEXANDRIE AU DEBUT DES ANNEES 50
(par
César Pinto, Brésil, juillet 2002)
Alexandrie
possédait de merveilleuses pâtisseries - salons de thé (habitude héritée
des Anglais), mais celles-ci appartenaient surtout à des Grecs. On y offrait
des douceurs extraordinaires de toutes origines : françaises, viennoises,
italiennes, turques, etc.. Je me souviens de Délices, un couloir à deux
entrées, l'une côté boulevard Saad Zaghloul et l'autre côté mer, où
nous achetions des gâteaux par douzaine pour les offrir lors d'invitations. Il
arrivait aussi que nous dégustions sur place les gâteaux aux amandes, aux
noix, les baisers (deux meringues avec
de la crème chantilly), le fameux croquant, etc..
Athinéos
(spécialiste des mille-feuilles), situé à la gare de Ramleh, avait un
orchestre et une piste de danse. On y dansait tous les soirs, mais les après-midi,
pendant la semaine et le dimanche matin, on y jouait de la musique classique.
L'orchestre changeait de ton et les clients se délectaient au son d'Alla Turca
de Mozart, de la Sérénade de Schubert et autres morceaux de musique classique
légère. Toujours à la gare de Ramleh, mais sur le trottoir opposé, non loin
du cinéma Férial, se trouvait la pâtisserie Monacos, qui vendait les
meilleurs babas, les plus gros et les plus arrosés. Baudrot, situé
à l'angle des rues Fouad et Chérif, dont les éclairs et autres spécialités
françaises y étaient servis avec du chocolat chaud ; Pastroudis, situé
à la rue Fouad à côté du cinéma Amir, était en même temps un salon de thé
et un restaurant gastronomique ; Le Grand Trianon, à la gare de Ramleh,
était le roi des bonbonnières et des gâteaux de mariage à plusieurs étages
; Le Petit Trianon, situé au 4 boulevard Saad Zaghloul, disposait
d'un salon de thé - jardin en plein air. Sans oublier Tornazaki, dont
les établissements étaient situés au 2 et au 39 du boulevard Saad Zagloul,
dont les loucoumadès et la trigona (sorte de baklawa
triangulaire farcie de noix et imbibée de sirop) étaient fameux. Les clients
s'y bousculaient le dimanche matin pour y savourer les loucoumadès en
guise de petit déjeuner.
Flückiger,
situé à la rue Phatios, derrière le Santa Lucia, confiseur suisse, a lancé
à Alexandrie les magnifiques cloclos (cornets de glaces genre Cornetto
Motta d'aujourd'hui) et de minuscules et savoureux gâteaux ; Manalis, à
la rue Toussoun, était le spécialiste des petits pâtés aux anchois et des amarettis
(macarons) ; Tamvaco et Manolidis,
situés tous les deux à la rue Sésostris, offraient divers genres de loucoums
farcis aux noix, pistaches, etc..
qui étaient les plus recherchés
du Moyen-Orient, etc.
Au
14 de la rue Chérif - quartier des affaires – se trouvait la pâtisserie Unica,
dont les brioches, "pains de Venise", et croissants étaient très
appréciés et livrés directement dans les bureaux, sur commande.
De
plus, on trouvait aussi à Alexandrie des pâtisseries syriennes (Hassan
Bleik) où nous commandions les Khochafs, Sahlab et boghachas
(sorte de crêpe chaude au fromage), les konafas à la crème et d'autres
douceurs syro-libanaises.
Il
y avait danse le soir, comme je l'ai dit, chez Athinéos, mais aussi au Mayfair
Inn, au Monseigneur, à l'Auberge Bleue, à la Pergola du
Swiss Cottage, au Ship qui surplombait la Méditerranée et même au Casino
Chatby, casino traditionnel où s'étaient produits Maurice Chevalier, Jean
Sablon, Charles Trenet et qui offraient des programmes de variétés (que nous
appelions attractions) avec des
acrobates, des mimes, des jongleurs, des imitateurs, etc..
Et
je ne parle pas des cafétérias ni des brasseries, qui pourraient faire l'objet
d'un chapitre à part.
Bien
sûr, tout a changé, mais le parfum demeure dans nos narines, le goût sur nos
lèvres et le souvenir dans nos cœurs...
"Long
ago and far away..."
LES PATISSERIES A ALEXANDRIE AUJOUR'HUI
(par
Armand Kahil, Alexandrie, mai 2004)
Comme l'indique son
nom, notre amicale porte son intérêt sur le passé et le présent
d'Alexandrie. Dans le bulletin no 20, César Pinto, à la mémoire prodigieuse,
a rappelé quelles étaient les principales pâtisseries des années 50 ainsi
que leurs spécialités. Il a sûrement réussi à vous faire passer un moment
agréable et doux. Il m'a été demandé d'actualiser son évocation et de dire
un peu quelles sont les pâtisseries à Alexandrie aujourd'hui.
Commençons
par les pâtisseries qui existaient déjà durant les années 50. Délices
améliore constamment son établissement, il appartient toujours à des Grecs
alexandrins invétérés qui l'ont rénové et je dirai même qu'ils ont élargi
la gamme de ses produits. On peut s'asseoir à l'intérieur ou à l'extérieur
de l'établissement (côté place Saad Zaghloul) et consommer sur place. Athinéos,
qui appartient aujourd'hui au Restaurant Nassar, spécialiste de grillades
"kebab & kofta", demeure un établissement touristique imposant
avec peut-être moins de mille-feuilles, mais avec plus de douceurs orientales. Baudrot
a changé de propriétaire et d'adresse, il est situé maintenant à la place du
Petit Trianon sur le Boulevard Saad Zaghloul avec son jardin à l'arrière,
toujours repère des amoureux. Pastroudis, sur la rue Fouad (maintenant
Avenue Horreya) et qui appartient maintenant à M. Kamal Kassabghi, est en cours
de réfection. Trianon à la gare de Ramleh, a aussi changé de mains et
a pris de l'ampleur, ses gâteaux sont plus grands, mais plus chers, sa gamme de
chocolats et de friandises plus variée ; il possède des succursales à Rouchdi
et Zizinia et une demi-douzaine de fourgonnettes pour livraisons à domicile.
Quant à Fluckiger, qui appartient maintenant à un nouveau propriétaire,
il continue à faire ses petits gâteaux succulents et ses tourtes pour toutes
occasions suivant les recettes de son fondateur, mais les cloclos se font
maintenant à Anfouchi-les-Bains chez un fameux glacier "Makram".
Manoilidis a déménagé à Ibrahimieh, sur la rue du tram, près de Hamos
qui lui travaille à plein tube. Manalis se limite maintenant à la
boulangerie, il est connu pour ses bâtons salés.
Monacos
a disparu depuis longtemps, tandis que Tamvaco et Bleik ont fermé
leur portes ces dernières années. La pâtisserie orientale est représentée
par Talaat, à la rue de l’Église
Copte face à la rue Sésostris ; il est surpassé par les fameux
confiseurs de Beyrouth, Samadi au Port Est dans le fameux complexe de la Kuwait Food Company et Bohsali
à la rue Souria (ex Ruffer) à Rouchdi, ainsi que par Said El
Fayoumi, situé à la gare de Ramleh à droite du cinéma Férial. A noter
plus particulièrement la Pâtisserie de l'Hôtel Delta à la gare du
tram de Mazarita, reconnue pour ses gâteaux au chocolat - sablés, truffes, forêt
noire. Le San Giovanni à Rouchdi -
hôtel, bar et restaurant - tient une place non moins réputée pour ses
pâtisseries. De plus, d’excellents pâtissiers ont vu le jour, tels que Manna
et Classique, dont
l'ampleur s'étend à vue d'œil sur la place d'Alexandrie avec des branches un
peu partout et leurs fourgonnettes que l’on voit très souvent sillonner les
artères de la ville. Je pourrai continuer longuement sur ce chapitre, mais je
me limiterai à citer quelques nouvelles pâtisseries établies tout récemment
à Alexandrie, tels que La Poire sur l'emplacement de l'ancien Casino
Petrou, La Prune et La Génoise sur le boulevard Sultan Hussein
ainsi que quelques petites pâtisseries à Ramleh : Mokambo, Marquise,
Palmerie, Palerma, Pane Fresco, Al Forno et la liste est
loin d’être complète.
Les
Alexandrins restent toujours friands de pâtisserie. Lors d'une invitation,
l'usage est resté d'apporter un gâteau ou des pâtisseries. Vous pourrez donc
toujours goûter aux bonnes douceurs alexandrines si vous décidez de faire un pèlerinage
dans la ville de votre jeunesse.
AAHA = Amicale Alexandrie Hier et Aujourd'hui (www.aaha.ch)